Notre lettre 1049 publiée le 7 juin 2024

QUIMPER
MGR DOGNIN "EVEQUE INCLUSIF"
SAUF POUR SES FIDELES



L'injustice du traitement par le diocèse de Quimper des fidèles de Saint-Mathieu ( Quimper) et Saint-Sève (Morlaix) fait l'objet d'une médiatisation croissante. Ces dernières semaines, alors que les fidèles appellent à une nouvelle manifestation dans le centre-ville de Quimper, entre la cathédrale et la place de la Tour d'Auvergne, le 16 juin prochain à 15h00, et que tous les mardis depuis cinq semaines une vingtaine de fidèles se retrouvent pour prier le chapelet devant les portes closes du même évêché, plusieurs médias nationaux ont publié des articles sur ce qui est devenu l'affaire de Quimper.

Dans le même temps, le diocèse s'est retrouvé pris dans un scandale – en reprenant sur son compte X (ex-Twitter) un tweet de Place Publique appelant à « se mobiliser pour les droits LGBT » avant de faire machine arrière, de plaider un « acte de malveillance » (sérieusement ?), et de désactiver son compte Twitter. Le diocèse de Mgr Dognin, « évêque inclusif, sauf pour son troupeau », raille TV Libertés, a donc promis d'arrêter le X ?



« Le diocèse de Quimper a allumé un feu et compte sur les prêtres de la FSSP pour éteindre l'incendie »

Famille Chrétienne, qui consacre fin mai un article à la situation, rappelle que la mobilisation des fidèles est portée par un collectif : « Keep Calm and Pray Jesus, se fait depuis plusieurs semaines le porte-voix des fidèles mécontents. Composé de laïcs, attachés à la liturgie tridentine et désireux de vivre en paix leur foi dans le diocèse de Quimper et Léon, il se dit "mécontent des garanties pour l’instant proposées aux fidèles traditionalistes par Mgr Dognin. L’évêque des lieux a annoncé en décembre que trois messes dominicales célébrées par des prêtres diocésains continueraient à être célébrées dans le diocèse."

Refusant cette décision, le collectif Keep Calm and Pray Jesus a mobilisé les contestataires le 5 mai dernier. Un rassemblement devant l’évêché pour demander le rétablissement de la convention signée entre Mgr Dognin et la FSSP a rassemblé 300 fidèles. Depuis, un chapelet où se retrouvent une vingtaine de fidèles est organisé tous les mardis soir à la porte de l’évêché pour appuyer cette requête et demander d’être reçus par l’évêque ».



Revenant sur le courrier de l'évêque écrit deux semaines après la manifestation du 5 mai et qui conserve les trois messes tridentines dans le diocèse – sans en préciser les lieux – et raye d'un trait de plume sacrements, baptêmes d'adultes, activités paroissiales et communautaires et triduum pascal en rite tridentin, Famille Chrétienne donne la parole à l'abbé Courtois – qui doit rejoindre Pau le 1er septembre prochain : « ces lettres et communiqués je les ai à peine regardés », confie à FC l’abbé Loïc Courtois, un des deux prêtres de la FSSP dans le diocèse de Quimper et Léon, dépité par la fracture désormais actée dans le diocèse.

Il explique n’avoir pas de lien particulier avec le collectif Keep Calm and Pray Jesus : « Ce sont des fidèles qui ont lancé cette initiative, ils n’ont pas de comptes à me rendre et je ne leur en demande pas ! ... On a fait tout ce qui était possible et honnête pour tenter d’infléchir ces décisions injustes" explique le prêtre catholique de la Fraternité Saint-Pierre. "Des paroissiens m’ont incité à entamer une grève de la faim, ce que j’ai refusé. Je ne crois pas que ce soit la bonne façon d’agir. L’évêché a regretté la manifestation qui avait eu lieu, trouvant cela pas très « ecclésial ». Malheureusement il n’y a pas de possibilité de discussion… Ils ont allumé un feu et maintenant comptent sur les prêtres de la FSSP pour l’éteindre… »

Le diocèse de son côté ne sait guère comment éteindre la colère des Bretons : contacté par Famille Chrétienne, le diocèse réfute cette accusation rappelant que des fidèles doivent rencontrer l’évêque avant l’été pour préparer l’avenir. A l’évêché, on insiste également sur le fait que cette lettre ne fait que rappeler et réaffirmer les choix faits par Mgr Dognin en décembre dernier. « Les messes en rite saint Pie V perdureront dans le diocèse », assure-t-on du côté du diocèse . Tout en affirmant rester droit dans ses bottes et ne rien concéder à la Tradition, le diocèse a accrédité 13 prêtres pour célébrer en rite tridentin en mars dernier – en se gardant bien d'en parler à ses fidèles... un déni d'honnêteté et de transparence en nos temps "de Dialogue" – dont deux qui connaissaient déjà ce rite de longue date. Les autres ont été formés au rite tridentin ou le seront dans les diocèses voisins.

Une décision qui interroge jusqu'à Valeurs Actuelles : « dans un diocèse qui manque cruellement de prêtres, il s’apprête donc à mobiliser quelques-uns des diocésains qui subsistent pour apprendre un rite qu’ils ne connaissent pas, et à renvoyer deux prêtres auquel l’évêque reconnaît n’avoir rien à reprocher, et dont cette liturgie est le charisme propre. Par la suite, les fidèles des trois lieux de culte traditionalistes apprendront du diocèse qu’ils n’ont plus droit à la messe traditionnelle en semaine, ni pour les offices de la semaine sainte ».


« On nous laisse trois messes et on nous dit, soyez sympa, restez dans le rang »

Boulevard Voltaire met aussi en parallèle la forte affluence des pèlerinages de Chartres – 25.000 fidèles ont marché cette année, dans un sens ou dans l'autre, entre Paris et Chartres – et la situation à Quimper.

Un fidèle y réagit au communiqué du diocèse en mai : « on nous laisse trois messes - dont une à Brest - et on nous dit "soyez sympas, restez dans le rang ". Mais c’est méconnaître la richesse des messes en semaine, de la vie de communauté, du catéchisme, des confessions et des autres sacrements », s’agace Louis, un paroissien mobilisé contre la décision du diocèse. « Il y a six ans, il y avait une soixantaine de fidèles. Aujourd’hui, nous sommes 250-300 chaque semaine. Cela montre bien la fécondité de la messe en forme extraordinaire et du travail de la FSSP », ajoute le jeune homme.


Pour Mgr Dognin la position de la FSSP dans l'Eglise pose problème, pas pour le Pape François

A court d'arguments – qu'il est difficile de justifier l'injustifiable ! Mgr Dognin fuit le dialogue avec ses fidèles, et le service communication du diocèse a boudé Valeurs Actuelles, qui remarque : « dans une lettre de décembre, l’évêque argue que ce serait « la position de le FSSP dans l’Eglise en général qui pose un problème ». Argument pour le moins étrange, puisque cette Fraternité a été confirmée dans son charisme propre, et son droit de célébrer exclusivement dans l’ancienne liturgie, par le pape François lui-même ! Publié le 19 mai, un communiqué de Mgr Dognin se contente d’invoquer, de manière assez floue, le souci d’une « plus grand communion diocésaine ».

Depuis, le Pape François a rencontré une fois de plus le père Benoît Paul-Joseph, supérieur du district de France, et l'abbé Ribeton, recteur du séminaire de la FSSP à Wigratzbad. Dans un communiqué du 1er mars, la FSSP indique que ses deux responsables ont eu « l'occasion d'exprimer au Saint-Père une profonde gratitude pour le décret du 11 février 2022, par lequel le Pape a confirmé la spécificité liturgique de la FSSP, mais aussi de lui faire part des difficultés rencontrées dans son application. Le Pape s'est montré compréhensif, et a invité la FSSP a servir toujours davantage la communion ecclésiale à travers son charisme propre ».


Le diocèse de Quimper appelle à « se mobiliser pour les droits LGBTI »

Entretemps, le diocèse de Quimper qui n'est pas très communicant s'est retrouvé pris dans un scandale... de communication. Le 17 mai, le compte Twitter du diocèse retweete un poste du parti socialiste Place Publique qui rappelle « l'importance de se mobiliser pour les droits LGBTI+ », initiative qui suscite bien des interrogations : « doit-on comprendre que ce diocèse, d'où sont exclus des prêtres de la FSSP et dont les fidèles traditionnalistes seront bientôt sans pasteur, milite pour la dénaturation du mariage, la privation de père ou de mère pour des enfants, la vente d'enfants par GPA, l'idéologie du genre ? » s'interroge ainsi le Riposte Catholique le 31 mai.

Ce n'est probablement pas une erreur de parcours – comme l'a relevé Paix Liturgique dans sa lettre 1043, « la maison diocésaine de Quimper – un bâtiment sans âme aux airs d’EHPAD, situé au sud de la ville, avenue de Limerick, accueillera le 25 mai et le 8 juin deux journées complètes pour « accueillir en Eglise » l’homosexualité.

Le diocèse cite au passage le Pape François à Lisbonne aux JMJ – le jour du todos, todos, todos : « Dieu nous aime tels que nous sommes ». Visiblement pour Mgr Dognin, ce “nous” inclut les homosexuels, mais exclut les tradis.

Le sous-titre témoigne de la même incohérence : « la différence, une bonne nouvelle ? Qu’est-ce qui nous dérange » : cette question pourrait être posée à Mgr Dognin par les fidèles de la messe tridentine dans le Finistère…

Lors de la première journée le 25 mai, l’après-midi sera animé par Didier Papeta, neuropsychiatre et psychanalyste à Brest. Celui qui apparaît en 2021 dans une mini-série de 5 épisodes sur Arte, « en thérapie » est aussi un spécialiste reconnu des troubles bipolaires – il donne régulièrement des conférences sur le sujet. Le diocèse de Quimper y trouvera peut-être une thérapie pour soigner ses incohérences… et enfin accueillir toutes les différences en se conformant au message du pape François à Lisbonne.


En pleine hubris, le diocèse de Quimper promet d'arrêter le X

Plutôt que de plaider l'erreur humaine – et le manque de vérification à posteriori – le diocèse de Quimper s'est enfermé, pour l'affaire du tweet LGBT, dans le même déni qu'avec les fidèles de la messe traditionnelle.

Ainsi, un fidèle qui avait protesté contre ce tweet a reçu une réponse lunaire du service communication, qui ne doute visiblement de rien : « nous ne sommes pas à l'origine de cette publication qui êut être due à une erreur de manipulation ou un acte de malveillance. Nous avons donc pris la décision de nous désengager du réseau social ».

Une réaction diocésaine qui transpire la panique à tous les étages ; Tradition et Unité en Finistère relève tout simplement de son côté que « nous aurions bien aimé que la lettre de notre évêque à notre encontre soit également une erreur de manipulation ».

Ce tweet et son traitement par le diocèse de Quimper a aussi attiré l'attention de TV Libertés : « depuis jeudi, le diocèse de Quimper s'illustre sur les réseaux sociaux. Alors qu'un prêtre a pointé le fait que l'évêché avait reposté sur X un tweet du parti Place Publique de Raphaël Glucksmann appelant à la défense des droits LGBT, le compte X du diocèse a dans la foulée été supprimé. Problème technique ou fuite devant la polémique ? Chacun pourra en tirer ses conclusions. Toujours est-il que Mgr Laurent Dognin évêque de Quimper semble très attentif à cette thématique », rappelle TV Libertés en indiquant les deux sessions organisées par le diocèse sur l'accueil des homosexuels les 25 mai et 8 juin. « Une inclusion chère à de nombreux évêques français, mais qui avec le Tweet relayé va encore plus loin puisqu'il s'agit in fine de cautionner les revendications d'un lobby telles que les adoptions homoparentales, ou la GPA, voire les transitions sexuelles. Pendant ce temps, d'autres personnes sont littéralement exclues, les prêtres attachés à la messe traditionnelle – la FSSP est sommée par les autorités diocésaines de quitter le diocèse le 1er septembre prochain ».

C'est prouvé : être évêque de Quimper, si on ne se sent « pas obligé d'être comme Jésus », ou qu'on souhaite « éradiquer » une partie de ses fidèles à cause de la messe à laquelle ils sont attachés, ça rend fou. Mais l'hubris, comme les troubles bipolaires, ça peut se résoudre: il suffit que Mgr Dognin fasse appel à Didier Papeta.

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